Études économiques
Soudan

Soudan

Population 45,5 millions
PIB par habitant 772 $US
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Evaluation des risques pays
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Environnement des affaires
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Synthèse

principaux Indicateurs économiques

  2020 2021 2022 (e) 2023 (p)
Croissance PIB (%) -3,6 -0,3 1,0 1,2
Inflation (moyenne annuelle, %) 269,0 318,0 250,0 150,0
Solde public / PIB (%) -5,9 -0,3 -2,2 -1,8
Solde courant / PIB (%) 263,0 182,0 190,0 155,0
Dette publique / PIB (%) -17,5 -7,4 -6,4 -7,5

(e) : Estimation (p) : Prévision

POINTS FORTS

  • Ressources en or et en pétrole, ports sur la mer Rouge
  • Proximité géographique et économique avec les pays du Golfe
  • Agriculture et élevage pouvant bénéficier de gains de productivité, notamment grâce aux investisseurs du Golfe
  • Relations en cours de normalisation avec le Soudan du Sud, facilitant la poursuite des paiements des droits de transit liés aux oléoducs, ainsi qu’avec Israël

POINTS FAIBLES

  • Instabilité politique, faible légitimité des autorités militaires issues du coup d’Etat d’octobre 2021 face aux mouvements civils et aux islamistes, contrebande d’or, corruption, intrication armée-économie
  • Violences intercommunautaires dans les régions périphériques, marquées par la présence de milices, notamment au Darfour, au Kordofan et dans le Nil bleu
  • Pauvreté, chômage élevé, insécurité, dépendance à l’aide alimentaire
  • Dette extérieure insoutenable, aggravée par la suspension de l’aide financière internationale et extrême faiblesse des réserves de change
  • Dépréciation de la monnaie et hyperinflation

Appréciation du risque

Un chemin de crête vers la normalisation politique

Aux prises avec la contestation depuis quatre ans, le Soudan est en proie à une forte instabilité politique. Après des protestations populaires et la destitution du président islamiste Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 1989, par l’armée, un « Conseil souverain de transition » mêlant civils et militaires avait été installé en 2019. En octobre 2021, son président, le général Abdel Fattah al-Burhane, dissolvait le gouvernement intérimaire, expurgeait le Conseil souverain de transition de son bloc pro-civils, plaçait en résidence surveillée le premier ministre Abdallah Hamdok, déclarait l’état d’urgence, et suspendait la charte constitutionnelle organisant le partage du pouvoir. En effet, les militaires craignaient alors (et encore aujourd’hui) de perdre leurs intérêts économiques et d’être poursuivis pour leurs actions contre la population. En face, la Coalition des Forces de la liberté et du changement, regroupant des partis politiques et associations, et les comités de résistance populaire, fers de lance de la révolution de 2019, exigent le retrait des militaires de la vie politique. Paralysé durant toute l’année 2022 par des manifestations, le Soudan semble pris dans une impasse politique, les militaires poursuivant la répression des manifestations civiles en misant sur l’épuisement du mouvement. Un nouvel accord (préliminaire) entre la Coalition et les militaires est signé le 5 décembre 2022. Ce compromis pose notamment les principes du retour d’un gouvernement intérimaire civil, d’une transition de deux ans suivie d’élections et d’une mise sous tutelle administrative des entreprises détenues par les militaires. Toutefois, la voie pour une transition négociée semble étroite. Une réapparition de la police des mœurs marque une concession aux islamistes chassés par la révolution de 2019, alors que les comités de résistance populaire, contestant la légitimité de la Coalition, ont poursuivi leur mobilisation après l’annonce du compromis.

Confirmée en novembre 2022, la présence (de longue date) du groupe paramilitaire Wagner dans l’exploitation aurifère confirme la poursuite de l’appui de Moscou en matériel et formation militaire. Par ailleurs, la Russie représente la moitié des importations de blé du Soudan.

 

Une aide étrangère indispensable à la modération des déséquilibres

En manque de financements extérieurs (certes atténué par des flux entrants du Golfe), la monétisation du déficit alimente l’hyperinflation. Avant le gel de l’aide, les prêts concessionnels et dons auraient dû représenter un tiers des revenus sur 2021-22. Depuis le coup d’Etat, des prêts de USD 2 milliards de la Banque Mondiale (programme Thamarat d’allocations familiales) et de USD 700 millions des Etats-Unis ont été suspendus. En hausse, les recettes budgétaires ne représenteraient toutefois qu’environ 10% du PIB en 2023 et les dépenses 12,4%. Pour atteindre une stabilité macroéconomique, le Soudan dépend donc encore de l’assistance financière des partenaires étrangers (Etats-Unis, FMI, Banque mondiale, France, Etats-Unis, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Egypte), elle-même fonction de leur acceptation des nouveaux arrangements institutionnels. L’aide budgétaire a été coupée après le coup d’Etat et, en l’absence de retour à un gouvernement civil, le Club de Paris a suspendu son programme de réduction et de restructuration de la dette en juin 2022. En un sens, l’accord trouvé fin 2022 a donc probablement été motivé en partie par les besoins de financement du pays. Une reprise progressive de l’aide budgétaire internationale devrait intervenir fin 2023, si la transition se poursuit en bon ordre.

Les cours élevés des matières premières alimentaires alourdissent la facture des importations, ce qui met la balance des paiements et la monnaie sous pression. S’étant fortement déprécié depuis 2018 et 2021 surtout, la livre soudanaise devrait commencer à se stabiliser, aidée dans le cas d’une reprise du soutien financier extérieur. Il paraît probable que la balance commerciale tende vers l’équilibre, en raison des difficultés du gouvernement à financer les déficits et de la compression subséquente des importations. A travers leurs investissements, les pays du Golfe apportent des devises et suppléent un Etat défaillant.

 

Un léger rebond attendu en 2023

La consommation des ménages (~70% du PIB) restera contrainte par le chômage très élevé, la violence et l’insécurité. Cependant, après la stagnation, un léger rebond devrait survenir en 2023, grâce à un reflux de l’inflation et des conditions climatiques meilleures bénéficiant au pouvoir d’achat des agriculteurs (38% de la population active). Néanmoins, suite aux inondations de l’été 2022, la fragilité sociale devrait rester grande au moins au premier semestre, avec 39% de la population en insécurité alimentaire selon le Programme alimentaire mondial. Une amélioration dépendra de la reprise de l’aide et de la logistique.

L’investissement privé restera limité dans les villes. Par contre, les investisseurs étrangers devraient poursuivre le développement des champs pétroliers pour une hausse de la production entre 2024 et 2026, tandis qu’un fonds abondé par l’Arabie saoudite et les Emirats continuera son action de développement dans le transport et l’agriculture. Un accord a été signé mi-décembre 2022 avec le groupe émirati AD Ports pour la construction d’un nouveau port sur la mer Rouge et le développement économique de la région, à un coût estimé de 6 milliards de dollars.

 

Dernière mise à jour : Avril 2023

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