

Ouzbékistan
Synthèse
principaux Indicateurs économiques
2020 | 2021 | 2022 (e) | 2023 (f) | |
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Croissance PIB (%) | 1,6 | 7,4 | 5,3 | 4,8 |
Inflation (moyenne annuelle, %) | 12,9 | 10,8 | 11,3 | 10,7 |
Solde public / PIB (%) | -3,3 | -4,7 | -4,0 | -3,0 |
Solde courant / PIB (%) | -5,4 | -7,0 | -3,3 | -4,0 |
Dette publique / PIB (%) | 37,6 | 35,8 | 34,2 | 33,4 |
(e) : Estimation (p) : Prévision *Solde incluant les dépenses publiques hors budget financées par l’emprunt
POINTS FORTS
- Économie plus résiliente que le reste de l’Asie centrale (plus diversifiée, moins sensible aux chocs extérieurs)
- Ressources naturelles abondantes (gaz, or, cuivre, potentiel hydroélectrique)
- Population jeune (50 % de moins de 30 ans)
- Soutien financier international, position nette créditrice de l’État
- Réformes économiques (libéralisation, privatisation, diversification), développement du crédit (42 % du PIB, 37 % au secteur privé) et investissements publics (électricité, transports, santé) encourageant les IDE
- Des relations bilatérales et négociations de plus en plus dynamiques en vue d’accords commerciaux préférentiels avec des partenaires clés (Turquie, Singapour, Corée du Sud, etc.) et Accord de partenariat et de coopération renforcé avec l’Union européenne (UE)
- Processus de négociation pour adhérer à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et membre observateur de l’Union économique eurasienne (UEEA) depuis 2020
- Amélioration des relations avec les pays voisins, bonnes relations diplomatiques avec l’Europe, la Russie et la Chine qui apprécient sa position stratégique
POINTS FAIBLES
- Forte dépendance vis-à-vis de la Russie et de la Chine (principaux partenaires commerciaux, destinataires de 80% des exportations de gaz)
- Dépendance à l’égard des produits de base, des conditions climatiques pour l’agriculture (25 % du PIB) et des transferts d’expatriés (15 % du PIB)
- Activité manufacturière limitée (16 % du PIB)
- Marchés faiblement compétitifs (forte concentration dans les secteurs clés) et, bien qu’en hausse, faible part du secteur privé dans l’économie (50 % du PIB)
- Chômage élevé, manque d’emploi poussant à émigrer, faible niveau de vie, forte population rurale et informalité encore répandue (58 % de l’emploi)
- Faible intermédiation financière, dollarisation élevée, crédit majoritairement dirigé, faiblesse des dépôts bancaires
- Lenteur des progrès institutionnels (corruption, bureaucratie, faiblesse du parlement, absence d’opposition réelle), manque d’efficacité du secteur énergétique qui contraint l’environnement des affaires
Appréciation du risque
Les liens économiques avec la Russie impactent la croissance
Alors que l’Ouzbékistan était parvenu à maitriser la pandémie de Covid-19, les sanctions prises contre la Russie, suite à son invasion de l’Ukraine, pèseront sur sa croissance économique en 2022. La Russie est une partenaire commerciale clé pour le pays (12% de ses exportations et 22% des importations en 2021), ainsi qu’une importante pourvoyeuse de fonds par le biais des travailleurs ouzbeks expatriés (13% du PIB ), et de l’investissement dans les secteurs de l’énergie et des mines. Par conséquent, la récession en Russie provoquera une baisse de la consommation (54% du PIB) et de l’investissement (42% du PIB). L'inflation sera élevée, en raison de la flambée des prix internationaux des denrées alimentaires et des carburants. Le prix du pain, aliment de base sacré dans le pays, a augmenté drastiquement (jusqu’à +75%) mi-juin, après que le gouvernement a mis fin aux achats de céréales subventionnés par l'État dans le but d'augmenter la production nationale de farine en encourageant la production des meuniers privés, le système n’étant pas rentable pour les producteurs. La Banque Centrale d’Ouzbékistan (CBU) a relevé son taux directeur de 14% à 17% à la mi-mars afin d’endiguer les pressions sur le taux de change, leur impact sur les prix des produits importés, et ramener progressivement l’inflation vers la cible (5%). Néanmoins, la transmission de la politique monétaire étant limitée, la CBU devra probablement la resserrer davantage d’ici la fin de l’année.
Entre janvier-avril 2022, les exportations ont augmenté de 120 % en glissement annuel, en grande partie grâce aux ventes d'or (40 % des exportations totales), de gaz naturel, et de textile (coton et vêtements) . Cependant, l’Ouzbékistan pourrait subir le ralentissement de la croissance chez ses autres principaux partenaires commerciaux, notamment en Chine, en Turquie et au Kazakhstan, réduisant la demande pour sa production, ainsi que d’un repli des prix des produits de base.
Une situation financière qui reste confortable
Le budget approuvé pour 2022 prévoyait de ramener le déficit à 3% du PIB, et il devrait s’en rapprocher. La hausse des recettes tirées des ventes d’or compensera la baisse des revenus due à la réduction de l’activité des autres secteurs. Néanmoins, il est probable que le gouvernement annonce des mesures de soutien pour protéger les ménages vulnérables à la baisse des envois de fonds des expatriés et à l’inflation pour contrer un potentiel mécontentement. Pour cette raison, les dépenses seront plus élevées, et le déficit pourrait l’être aussi. Toutefois, bien qu’encore en hausse, le niveau d’endettement public (94% est externe) restera relativement faible et les réserves de change élevées. Ces dernières représentent 18 mois d’importations, 60% sous forme d’or, et continueront d’être accrues par le cours de celui-ci. De plus, le gouvernement chinois a accordé une aide sans conditions d’un montant de près de 40 millions de dollars pour financer des projets sociaux (la santé, l’énergie et l’agriculture pourraient figurer parmi les secteurs visés). Les réformes fiscales entamées depuis quelques années commencent à porter leurs fruits. Par exemple, une nouvelle plateforme en ligne obligatoire avec des informations sur la propriété des entreprises participantes, réduit les possibilités de corruption.
Le déficit de la balance courante devrait se creuser, la baisse des envois de fonds n’étant que partiellement compensée par l'augmentation des recettes d'exportation de produits de base. La balance commerciale restera structurellement déficitaire, dû à l’effet du poids des importations de biens d’équipement. Son financement se fera essentiellement par recours à l’emprunt de la part des secteurs publics et privés, aux réserves et à l’investissement direct étranger. La dette externe (58% en 2021) se creusera
Eloignement de la Russie, rapprochement avec les autres partenaires
En décembre 2021, le président Mirziyoyev a appelé à modifier la constitution de 1992. Il souhaite la réformer sur des sujets comme le développement de l'institution familiale, le renforcement de la concorde interethnique , l’interdiction du travail des enfants, la protection des droits des personnes handicapées et des personnes âgées , mais aussi l’écologie, et faire du principe "Nouvel Ouzbékistan - un État social" une norme constitutionnelle. Le portail web "Ma Constitution" a été lancé afin de recueillir les propositions du public sur les amendements constitutionnels.
Au plan international, les relations avec Moscou, excellentes, jusqu’à présent, semblent se distendre. En effet, bien que le pays souhaite rester neutre face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il reste très attaché au respect de l’intégrité territoriale dans la région centrasiatique, où des minorités russophones existent. La récession attendue en Russie réduira son influence en Asie centrale, notamment dans des pays comme l’Ouzbékistan, où l’influence culturelle a diminué ces dernières années. Cela laisse la possibilité à la Chine d’étendre la sienne. En effet, le gouvernement ouzbek a présenté une nouvelle stratégie de développement pour la période 2022-2026 où l’accent est très clairement mis sur la Chine, sans même que la Russie ne soit évoquée. De plus, les discussions pour la construction de la ligne ferroviaire Chine-Kirghizstan-Ouzbékistan reviennent sur le devant de la scène, la construction étant prévue en 2023. L’Ouzbékistan se rapproche également de la Turquie : le 30 mars 2022, un traité de partenariat stratégique global a été signé entre les deux pays. Le commerce bilatéral a d’ailleurs triplé depuis trois ans. De plus, le pays devrait bénéficier de plus en plus de sa participation à l’Organisation des Etats turciques. L’Inde se rapproche également, surtout sur le plan militaire, avec des exercices militaires conjoints.
Dernière mise à jour : Juillet 2022