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17/10/2023
Publications économiques

L’heure de vérité : la macroéconomie à l’épreuve de la dégradation microéconomique

L’heure de vérité : la macroéconomie à l’épreuve de la dégradation microéconomique

La baisse quasi-continue de l’inflation depuis plusieurs mois, sur fond d’accalmie des prix des matières premières, couplée à la bonne tenue des marchés du travail et une dynamique salariale toujours solide, a ravivé l’espoir d’un atterrissage en douceur de l’économie mondiale. Désormais considéré comme acquis, ou presque, aux Etats-Unis, celui-ci regagne du terrain en Europe, à la faveur d’une situation nettement plus rassurante qu’il y a un an sur le plan énergétique, et de projets de loi de finances ne suggérant – pour l’instant – qu’un (très) léger tour de vis fiscal. La Chine, qui privilégie le temps long pour purger les excès du passé, ralentira certes nettement (+4% en 2024, après +4,5% cette année) mais continuera d’être l’un des principaux moteurs d’une économie mondiale toujours convalescente. Bref, le spectre de la récession s’éloigne – c’est d’ailleurs ce dont témoignerait la plus faible inversion des courbes de taux dans la plupart des économies développées.

Si la conjoncture globale est incontestablement meilleure qu’il y a un an, nous ne souscrivons pas pour autant à cette lecture très optimiste de la situation. Au-delà des risques déjà maintes fois évoqués et qui, pour certains d’entre eux, continuent de s’intensifier (stabilité financière, risques sociaux et politiques – que nous actualisons dans cette nouvelle édition de notre baromètre), rappelons juste que la lutte contre l’inflation n’est pas encore gagnée, ni même entrée dans son (douloureux) dernier kilomètre : hors énergie, l’inflation reste bien supérieure aux cibles des banques centrales, tandis que la situation sur les marchés pétroliers s’est singulièrement (re)tendue avec les attentats en Israël. Plutôt que vouloir lire les augures dans une courbe des taux rendue illisible par les interventions des banques centrales depuis près de 15 ans, reconnaissons aussi que l’aplatissement brutal des courbes de taux observé récemment relève plus d’une correction des (mauvaises) anticipations du marché en terme de politique monétaire – un pivot qui ne cesse de s’éloigner – et d’une réévaluation du risque souverain dans un contexte d’émissions obligataires record, que d’un réel appétit pour le risque motivé par des perspectives de croissance plus favorables. D’ailleurs, les marchés actions reculent (de l’ordre de 5% environ depuis début août sur la plupart des places) et les résultats des entreprises sont, dans l’ensemble, revus en baisse.

C’est là que réside le principal risque sur la macroéconomie à court et moyen termes : alors que les niveaux élevés de profitabilité et de trésorerie des entreprises ont permis aux économies développées de faire face aux forts vents contraires ces derniers trimestres, l’accélération des défaillances observée depuis quelques mois sur fond d’étiolement des trésoreries, de dégradation des marges et d’accroissement des charges d’intérêt menace désormais la boucle vertueuse conjuguant faible sinistralité, résistance de l’emploi et désépargne des ménages. Avec en bout de chaine un impact plus fort qu’initialement escompté sur la demande finale, donc sur la croissance mondiale. Dit autrement, ce ne sont pas les entreprises qui seraient tributaires de la conjoncture, mais bien la macroéconomie qui dériverait de la microéconomie. Les risques sur nos prévisions de croissance mondiale pour 2024 (+2,2%, après +2,4% cette année), sensiblement plus faibles que celles du consensus, demeurent donc essentiellement baissiers, notamment dans les pays développés. 

Dans ce contexte, nous avons modifié 7 évaluations pays (2 reclassements et 5 déclassements) et 33 évaluations sectorielles (17 reclassements et 16 déclassements), soulignant ainsi une certaine stabilité de nos prévisions à l’horizon des 18 prochains mois, dans un environnement qui demeure toutefois très volatile et incertain.

 

Consultez en détails nos prévisions et analyses dans notre dernier baromètre à télécharger gratuitement.

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