

Venezuela
Synthèse
principaux Indicateurs économiques
2020 | 2021 | 2022 (e) | 2023 (f) | |
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Croissance PIB (%) | -30,0 | 0,5 | 6,0 | 6,5 |
Inflation (moyenne annuelle, %) | 2355,0 | 1588,5 | 210,0 | 195,0 |
Solde public / PIB (%) | -5,0 | -4,5 | 0,0 | 0,0 |
Solde courant / PIB (%) | -8,0 | -2,1 | 4,0 | 6,0 |
Dette publique / PIB (%)* | 319,1 | 240,5 | 0,0 | 0,0 |
(e) : Estimation (p) : Prévision *Secteur public non-financier (PDVSA) inclus
POINTS FORTS
- Plus grandes réserves de pétrole du monde et potentiel gazier offshore
POINTS FAIBLES
- Le PIB reste bien en deçà du niveau de 2013
- Économie fortement dépendante des hydrocarbures, des prêts de la Chine et de la Russie, et de la coopération énergétique avec l'Iran
- Sous sanctions américaines, malgré une licence de six mois accordée en novembre 2022 à Chevron pour exporter du pétrole vers les États-Unis en remboursement de dette
- En défaut sur sa dette souveraine et quasi-souveraine (PDVSA), des retards de paiement dans le commerce courant
- Pénurie de devises étrangères et de produits de base
- Gestion non transparente et discrétionnaire des revenus pétroliers obérés par les ristournes liées aux sanctions
- Hyperinflation, pauvreté et inégalités
- Criminalité (homicides), corruption, patronage, trafics en tous genres, marché noir
Appréciation du risque
Fin d’une crise pluriannuelle mais situation économique toujours critique
En 2023, l’économie vénézuélienne devrait continuer sa lente reprise après huit années de repli. Cependant, le PIB ne représente encore que 24% de celui d’avant crise en 2013. Bien que les prix du pétrole sont supposés avoir atteint un pic en 2022, leur niveau toujours élevé continuera de soutenir la croissance. L’économie bénéficiera également d’une hausse de la quantité de pétrole produite, déjà passée de 666000 barils par jour en septembre à 717000 en octobre 2022, bien qu’inférieure à l’objectif initialement annoncé par le gouvernement de 1 million par jour. Cette hausse sera soutenue par une demande élevée, liée aux sanctions adressées au pétrole russe. La guerre en Ukraine a poussé les grandes puissances occidentales à revoir leur positionnement vis-à-vis du Venezuela, car le pays rassemble 20% des réserves pétrolières mondiales prouvées. Les Etats-Unis renouent prudemment. La société pétrolière américaine Chevron, qui possède quatre co-entreprises avec le géant étatique du pétrole vénézuélien PDVSA, s’est vue octroyer une licence lui permettant d’extraire et exporter à nouveau du pétrole vers les Etats-Unis. De surcroît, alors que les flux de pétrole du Venezuela vers l’Europe étaient gelés depuis longtemps, les deux sociétés européennes Eni et Repsol sont autorisées, depuis juillet 2022, à expédier du pétrole vénézuélien vers l’Europe, en remplacement du brut russe. Cependant, la production pétrolière devrait rester très largement en dessous de celle d’avant 2013 (environ 3 millions de barils par jour), les infrastructures étant caduques et les investissements étrangers encore faibles, un carcan pour l’économie fortement dépendante du pétrole. La reprise du PIB non-pétrolier devrait être plus lente, malgré d’importants flux de remises en provenance des pays voisins et des Etats-Unis, hébergeant les 7 millions d’émigrés vénézuéliens, permettant de soutenir la consommation. En effet, environ 30% des ménages dépendent en partie de ces transferts de fonds. Cependant, les salaires réels resteront très faibles, du fait d’une inflation toujours galopante, laissant la majorité de la population sous le seuil de pauvreté. De plus, la faiblesse du crédit continuera de réduire l’investissement à néant.
Un compte courant confirmant sa trajectoire positive, des comptes publics toujours très dégradés
Le compte courant se consolidera encore, grâce au dynamisme des flux de remises des expatriés ainsi que d’exportations accrues de pétrole. Cependant, les investissements directs étrangers resteront très faibles, maintenant la pression sur les réserves de change, amenuisées par les interventions de la banque centrale pour limiter la dépréciation du bolivar délaissé par les acteurs locaux pour le dollar.
Largement dépendantes du pétrole, les recettes fiscales devraient continuer d’augmenter du fait du relâchement des sanctions à l’égard du pétrole vénézuélien. Le budget national devrait être financé à 63% par les exportations de pétrole, un pourcentage en hausse par rapport à 2022. En particulier, la contribution au budget 2023 de l’entreprise pétrolière d’Etat PDVSA devrait augmenter de 14%. Cependant, les revenus issus de la licence octroyée à Chevron ne pourront générer des redevances ou des taxes pour l’Etat et dividendes pour PDVSA, car devant servir à apurer la dette de PDVSA auprès de Chevron. De plus, le budget continuera d’être en partie financé par l’endettement public, notamment via l’émissions d’obligations sur le marché intérieur et des emprunts. La dette publique restera donc très élevée et les arriérés massifs.
La reprise des pourparlers avec les occidentaux et l’opposition
Les bouleversements provoqués par la guerre en Ukraine ainsi que l’élection de nouveaux présidents sud-américains de gauche, notamment au Brésil, au Chili et en Colombie, ont coïncidé avec une réouverture du dialogue politique dans le pays ainsi qu’avec ses voisins, ainsi qu’un allègement des sanctions occidentales. En septembre 2022, la frontière avec la Colombie a été rouverte aux véhicules de transport de marchandises. De plus, une rencontre a eu lieu à Mexico fin novembre entre le gouvernement et l’opposition, menant à la signature d’un « accord social », supposé conduire à de plus amples négociations et à la perspective d’élections présidentielle et législatives libres en 2024 et 2025. Depuis la réélection jugée illégitime de Nicola Maduro en 2019, les pays occidentaux reconnaissaient la désignation par l’Assemblée nationale siégeant alors de son président Juan Guaido comme chef de gouvernement légitime. En décembre 2022, dans ce contexte, les membres de cette assemblée, dominée par l’opposition et maintenue, malgré l’élection jugée, elle-aussi, truquée d’une nouvelle dominée par le pouvoir en 2020, ont mis fin à cette présidence par intérim, estimant que ce poste était devenu fictif et que cette décision ne permettait pas au pouvoir d’accéder aux avoirs de l’Etat vénézuélien bloqués à l’étranger.
Dernière mise à jour : Février 2023