

Cambodge
Synthèse
principaux Indicateurs économiques
2020 | 2021 | 2022 (e) | 2023 (f) | |
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Croissance PIB (%) | -3,1 | 3,0 | 5,0 | 5,6 |
Inflation (moyenne annuelle, %) | 2,9 | 2,9 | 5,6 | 4,5 |
Solde public / PIB (%) | -3,8 | -7,2 | -4,2 | -4,4 |
Solde courant / PIB (%) | -12,1 | -45,7 | -23,8 | -17,2 |
Dette publique / PIB (%) | 33,9 | 35,2 | 35,5 | 35,7 |
(e) : Estimation (p) : Prévision
POINTS FORTS
- Industrie textile dynamique
- Soutien financier provenant de bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux
- Secteur touristique dynamique (en temps normal) et à fort potentiel
- Économie intégrée au niveau régional (ASEAN)
- Population jeune (50% de la population a moins de 22 ans)
POINTS FAIBLES
- La part élevée de l'agriculture dans l'emploi et le PIB rend l'économie vulnérable aux conditions climatiques.
- Réseaux d'électricité et de transport sous-développés
- Dépendance à l'égard des financements chinois ainsi que concessionnels en raison de la faiblesse des ressources fiscales (poids très important de l’économie informelle)
- Dépendance au secteurs du tourisme et de l’habillement
- Réseaux d'électricité et de transport sous-développés
- Exportations textiles à faible valeur ajoutée en raison d’un Manque de main-d'œuvre qualifiée
- Importantes lacunes en matière de gouvernance, niveaux élevés de corruption
- Le taux de pauvreté reste élevé, les dépenses de santé et d'éducation sont faibles
- Capacité limitée dans le seul port maritime international de Sihanoukville
Appréciation du risque
La reprise économique va se poursuivre
Malgré des vents contraires entraînant un ralentissement de la croissance économique mondiale, le Cambodge a poursuivi sa reprise en 2022, avec un PIB réel dépassant son niveau de 2019. Toujours dans un environnement mondial morose, l'économie cambodgienne devrait croître à un rythme légèrement plus rapide en 2023. La consommation intérieure continuera de bénéficier du fait que le gouvernement considère la COVID-19 comme endémique, ainsi que de la réouverture des frontières internationales, le pays ayant commencé à accueillir des voyageurs non vaccinés sans obligation de test à l'arrivée en octobre 2022. La demande de services, notamment de restauration et d'hôtellerie, sera particulièrement dynamique. Cela dit, le tourisme (26 % du PIB de 2019) n'atteindra pas le niveau pré-pandémique tant que l'ancienne première source d'arrivées, à savoir la Chine, poursuivra sa politique stricte de lutte contre la COVID-19. La consommation des ménages (73 % du PIB en 2021) devrait également être soutenue par des remises d’expatriés relativement robustes (5,6 % du PIB en 2019), la plupart provenant de Thaïlande, où la reprise économique devrait se poursuivre en 2023. L'amélioration continue de l'environnement des affaires - avec la nouvelle loi sur les investissements de 2021 et le plan d'action quinquennal de l'institution de lutte contre la corruption continuant jusqu'en 2025 - ainsi que les récents accords régionaux de libre-échange stimuleront les investissements. Le secteur de la construction (15 % du PIB en 2019), en difficulté depuis la pandémie, pourrait connaître un certain regain d'activité grâce au plan décennal d'infrastructures annoncé par le gouvernement en 2022. Néanmoins, l'économie sera affaiblie par le ralentissement de la croissance des exportations, le pays étant fortement dépendant des exportations de biens et services (65% du PIB en 2021), notamment d'habillement et de chaussures (45% du total des exportations de biens). Les risques de récession croissants aux États-Unis et dans l'UE, qui en sont les principales destinations, devraient peser lourdement sur la performance des exportations. En guise de double peine, la prépondérante industrie textile devrait continuer à faire face à des prix de l'énergie et des matières premières toujours élevés.
Après avoir nettement augmenté en 2022, l'inflation devrait diminuer mais pourrait rester plus élevée que les années précédentes en raison des effets de transmission, pesant sur la consommation privée. L'économie étant fortement dollarisée, laNational Bank of Cambodia(NBC) pourrait continuer à intervenir sur le marché pour soutenir le riel.
L'endettement élevé du secteur privé constitue un risque
Le solde budgétaire restera déficitaire avec une politique budgétaire toujours expansionniste. Le budget 2023 sera consacré à l'amélioration du niveau de vie et à la résilience de la société. Bien que la dette publique cambodgienne soit entièrement externe et libellée en devises étrangères, les risques restent gérables. Le niveau de la dette publique est modéré, elle est principalement composée d'échéances à moyen et long terme, et est hautement concessionnelle puisqu’environ 40% de celle-ci est constituée de dons. En outre, la dette est presque exclusivement soumise à des taux d'intérêt fixes, de sorte qu'elle n'est pas vulnérable à la hausse des taux d'intérêt. L'endettement du secteur privé, qui était déjà élevé et qui a encore augmenté lors de la pandémie pour atteindre 174 % du PIB à la fin de 2021, est plus préoccupant. Les autorités ayant mis fin à la période de tolérance en matière de restructuration en juillet 2022, cet endettement élevé pourrait constituer une menace pour les institutions financières. Les prêts non performants représentaient 4,5 % du PIB en juin 2022.
Bien qu'il devrait se réduire avec le rebond du tourisme, le déficit courant restera élevé. La balance commerciale restera négative en raison du ralentissement de la croissance des exportations et des prix toujours élevés des matières premières, qui grèvent les importations. Cela dit, le financement de projets, les IDE, ainsi que les transferts de fonds et l'aide financière extérieure (par exemple, la BAD a accordé 1,2 milliard USD de prêts concessionnels et 43,9 millions de dons sur 2022-2025) devraient couvrir le déficit. Malgré une légère baisse des entrées de capitaux et l'intervention de la NBC sur le marché des devises pour stabiliser le riel, les réserves de change restent suffisantes (couvrant environ 7 mois d'importations en juin 2022).
Continuité politique attendue à l'approche des élections législatives
L'ancien commandant militaire des Khmers rouges et actuel Premier ministre Hun Sen dirige le pays depuis plus de 35 ans. Son Parti du peuple cambodgien (CPP, droite conservatrice) dispose de tous les sièges à l'Assemblée nationale et a obtenu environ 80 % des sièges des conseils locaux lors des élections communales de 2022. Le CPP devrait donc conserver une large majorité après les prochaines élections législatives en juillet 2023. Bien que le prochain mandat de Hu Sen devrait être son dernier, il devrait garder un large contrôle sur la vie politique du pays. Après l'entrée en vigueur, en 2022, d’amendements constitutionnels permettant au parti disposant de la majorité à l’assemblée nationale de désigner directement un Premier ministre, Hu Sen a déclaré qu'il resterait président du CPP après avoir quitté la tête de l'État. Il lui sera ainsi encore plus facile d'amener son fils au pouvoir.
Les relations avec les pays occidentaux, l'UE et les États-Unis, se sont détériorées depuis les élections nationales de 2018. Parallèlement, le Cambodge a renforcé ses liens avec la Chine et compte sur elle pour soutenir son économie. Du côté des investissements, le pays s'est déjà massivement appuyé sur la Chine qui représente près de la moitié des entrées d'IDE en 2021 et représente le premier créancier du gouvernement cambodgien avec 45% de la dette publique due à Pékin. Concernant le conflit Ukraine-Russie, le Cambodge a gardé une position neutre mais a manifesté son désaccord quant à l'annexion des régions ukrainiennes.
Dernière mise à jour : Novembre 2022