Études économiques
Afghanistan

Afghanistan

Population 32,9 millions
PIB par habitant 611 US$
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Evaluation des risques pays
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Environnement des affaires
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Synthèse

principaux Indicateurs économiques

  2020 2021 2022 (e) 2023 (p)
Croissance PIB (%) -5,0 -20,0 -30,0 0,0
Inflation (moyenne annuelle, %) 5,4 n/a n/a 30,0
Solde public / PIB (%) -20,0 -21,0 n/a 0,0
Solde courant / PIB (%) -22,0 -23,0 n/a 0,0
Dette publique / PIB (%) 7,8 8,7 n/a 0,0

(e) : Estimation (p) : Prévision *Dons inclus

POINTS FORTS

  • Potentiel d’exploitation de matières premières (dont gaz, pétrole et minéraux)
  • Développement de couloirs de transit (Lapis-Lazuli reliant l’Afghanistan à la Turquie), lancement fin 2020 des négociations pour réviser l’accord de transit avec le Pakistan et conclure un accord commercial préférentiel
  • Développement de couloirs énergétiques régionaux (gazoduc TAPI, ligne électrique Asie centrale-Asie du Sud (CASA-1000), ligne électrique TAP et ligne électrique avec l’Ouzbékistan)
  • Soutien financier international humanitaire, notamment via les programmes des Nations-Unies pour l’enfance et l’alimentation

POINTS FAIBLES

  • Plus d’accès à l’aide internationale au développement, essentiellement sous forme de dons, depuis la prise du pouvoir par les Talibans
  • L’Emirat proclamé par les talibans est basé sur la charia et dirigé depuis 2016 par le mollah Haibatullah Akhundzada, originaire de Kandahar
  • Dépendance à l’agriculture (22% du PIB, 40% de l’emploi) vulnérable aux conditions météorologiques
  • Crédit peu développé (4% du PIB), système bancaire fragile (60% de prêts non performants en 2021) et dollarisé (48% des prêts, 61% des dépôts)
  • Géographie difficile (enclavée et à 50% montagneuse) et vulnérabilité aux catastrophes naturelles
  • Infrastructures inadéquates (énergie, eau, transport, santé)
  • Pauvreté élevée (70% de la population), sur fond d’informalité (90% du PIB), de chômage (40%) et d’insécurité alimentaire (l'indice de la faim dans le monde 2021 classe l'Afghanistan 103e sur les 116 pays).
  • Gouvernance défaillante (corruption, réglementations contraignantes, faible Etat de droit) et autoritaire, absence d’expérience de gestion administrative et économique du nouveau régime
  • Fragmentation ethnique
  • Présence de la mouvance terroriste islamiste

appréciation du risque

Retour des talibans au pouvoir

Evincés du pouvoir en 2001 par la coalition menée par les États-Unis, dans le cadre de leur lutte contre le terrorisme islamique à la suite des attentats du 11 septembre, les Talibans ont repris le contrôle du pays en août 2021. Suite au processus engagé fin 2018, les Etats-Unis avaient signé avec les talibans l'accord de Doha en 2020. Cet accord stipulait un engagement des Etats-Unis à retirer leurs troupes en échange de l'engagement des Talibans d'empêcher les groupes terroristes d'opérer, et d’ouvrir des pourparlers avec le gouvernement afghan en vue d’un cessez-le-feu permanent. Le 13 avril 2021, le président Joe Biden annonça le retrait des troupes américaines pour le 11 septembre 2021. Cependant, le 15 août, les talibans se sont emparés de Kaboul et ont renversé la République islamique d'Afghanistan, le président Ashraf Ghani ayant fui. Après avoir encadré, dans l’urgence, des vols d’évacuation de ressortissants étrangers et d’afghans ayant travaillé pour la coalition, les États-Unis ont officiellement achevé leur retrait le 30 août, date à laquelle les talibans ont proclamé leur victoire. Cependant, depuis, une série d'attentats à la bombe, notamment par l'Etat islamique Province du Khorasan (ISKP), semble indiquer que le gouvernement intérimaire taliban, mis sur pied le 7 septembre, aura du mal à maintenir son contrôle et la sécurité face, à la fois, aux groupes extrémistes et aux rebelles. Le régime Taliban n’était, fin 2021, reconnu par aucun état. Il lui est particulièrement reproché de bafouer les droits des femmes, empêchées de travailler, et des filles, privées d’école. La domination des pashtouns au sein du gouvernement et de l’administration aux dépens des autres ethnies fait également partie des griefs. Cette non reconnaissance s’accompagne de la suspension de l’aide au développement, sur laquelle reposait largement le pays. Une des principales conséquences est la grave crise alimentaire (60% de la population confrontée à des niveaux extrêmes de faim selon les Nations-Unies). 

 

Une grave crise économique et sociale

Avant même la prise de pouvoir par les Talibans, la sécurité précaire, l'incertitude grandissante et la sècheresse récurrente, ajoutées à la pandémie de COVID-19, ont nui à la confiance et à la croissance, tandis que pauvreté et chômage, déjà élevés, s’accroissaient. L'arrêt soudain des flux d'aide sous forme de dons, y compris des livraisons de billets en dollar (auparavant 40% du PIB), a entraîné une dépréciation de l'afghani par rapport au dollar, de 30%, entre fin 2020 et fin 2021. Pour tenter d’y remédier, le gouvernement met aux enchères des dollars et a imposé un plafonnement des retraits d'espèces (400 dollars par semaine et par famille). La valeur de la monnaie devrait encore chuter en 2022, jusqu'à ce que l'économie se stabilise à un niveau d'activité beaucoup plus faible. L’insuffisante liquidité et l’inaccessibilité des comptes en devises domiciliés à l’étranger paralysent le système bancaire. À cela s'ajoute l'inflation galopante nourrie par la dépréciation de l’afghani et la chute des importations : les prix des denrées alimentaires et du carburant ont plus que doublé en 2021. De plus, la sécheresse a eu pour conséquence une augmentation du prix du blé de 20% en glissement annuel en 2021, de 30% pour la farine et de 70% pour l’huile de cuisine. Le pouvoir d’achat des afghans se détériore : le revenu par habitant pourrait diminuer de près d’un tiers, à environ 350 USD en 2022. Nombreux sont les afghans, notamment dans l’administration, travaillant sans être payés (70% des enseignants). La consommation des ménages (80% du PIB) pourrait alors se contracter de 40%. La restriction de l'emploi des femmes peut infliger une perte économique supplémentaire de 3 à 5 points de pourcentage du PIB. De leur côté, les talibans ont lancé un programme de " nourriture contre travail " à Kaboul en octobre, offrant du blé en échange de travail à plus de 40000 hommes au chômage, avec l'intention de l'étendre progressivement à d'autres régions. Néanmoins, il est estimé que le chômage pourrait doubler en 2022-23.

 

Vers un défaut souverain, en l’absence de reprise de l’aide au développement ?

Les autorités ont l'intention de freiner, en 2022, la hausse du déficit budgétaire, en adoptant la TVA de 10%, pouvant générer des recettes nettes de 1,2 % du PIB, ainsi que l'élimination progressive des dépenses liées à la pandémie. Les talibans tirent de plus en plus de revenus (jusqu'à 60 %) de la culture du pavot et du trafic d’opiacés (6,6 milliards en 2021). Enfin, le pays continue de recevoir de l’aide internationale humanitaire, l'ONU a demandé, début janvier 2022, un montant record de USD 5 milliards en urgence. La Banque mondiale a débloqué en décembre 2021, une aide humanitaire de USD 280 millions via le fonds spécial pour la reconstruction du pays (ARTF). Nonobstant, la dette publique, jusque-là essentiellement extérieure et très faible, devrait augmenter, en raison du financement du déficit par l’endettement en lieu des dons. De plus, bien qu’en 2021 le pays a bénéficié d'un allègement du service de sa dette de USD 10 millions par le FMI, son financement pourrait se compliquer. Un défaut sur la dette souveraine ne peut être exclu. L'émission inaugurale de Sukuk (obligation conforme à la charia), prévue pour début 2022, permettrait au gouvernement de puiser dans l'importante épargne intérieure et, à terme, de catalyser le développement d’un marché de la dette domestique. Le déficit de la balance courante était en grande partie couvert par d'importants apports d'aide non remboursable. Compte tenu de sa suspension et du gel des réserves de change par les Etats-Unis, estimées à plus de 9 milliards de dollars (15 mois de couverture des importations), le pays a désormais du mal à payer ses importations, contraint de les réduire. Les remises d’expatriés de nouveau autorisées par les Etats-Unis depuis le 10 décembre 2021 est une source de financement appréciée. Etats-Unis, Chine, Russie et Pakistan, au sein de la Troïka Plus, mènent des pourparlers avec les responsables talibans, conscients qu’une dégradation aurait des répercussions sur les pays voisins et au-delà (terrorisme, trafic de drogue, exode des populations).

 

Dernière mise à jour : Février 2022

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