Études économiques
Ethiopie

Ethiopie

Population 99,7 millions
PIB par habitant 996 US$
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Evaluation des risques pays
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Environnement des affaires
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Synthèse

principaux Indicateurs économiques

  2020 2021 2022 (e) 2023 (p)
Croissance PIB (%) 6,1 6,5 6,4 6,0
Inflation (moyenne annuelle, %) 20,4 26,6 34,0 29,1
Solde public / PIB (%) -2,8 -2,8 -3,7 -3,1
Solde courant / PIB (%) -4,1 -2,7 -4,0 -3,5
Dette publique / PIB (%) 56,5 56,6 55,6 55,4

(e) : Estimation (p) : Prévision * Année fiscale du 8 juillet au 7 juillet. AF 2021 : 8 juillet 2020 au 7 juillet 2021 ** Année calendaire

POINTS FORTS

  • Marché important de plus de 100 millions d’habitants
  • Carrefour aérien sur le continent grâce à Ethiopian Airlines
  • Investissements publics dans le développement des infrastructures
  • Potentiel hydroélectrique, minier, agricole et touristique
  • L'un des principaux exportateurs de café du continent
  • Ouverture et modernisation des secteurs bancaire, financier et des télécommunications

POINTS FAIBLES

  • Agriculture peu productive, sensible aux aléas climatiques
  • Secteur manufacturier peu développé
  • Enclavement du pays
  • Faibles réserves de change et restrictions aux importations
  • Handicaps persistants sur le plan de l’environnement des affaires et de la gouvernance
  • Instabilité politique et sécuritaire
  • Déficit d’infrastructures, alimentation électrique insuffisante

Appréciation du risque

Le retour du dynamisme économique suite à la signature d’un accord de paix au Tigré

Au cours de l’exercice budgétaire 2021/2022, l’Ethiopie a enregistré une faible croissance économique, son activité ayant été contrainte par le conflit civil meurtrier dans le nord du pays, une production agricole durement touchée par la persistance de la sécheresse dans la Corne de l’Afrique, une inflation galopante et une pénurie de devises. Suite à la signature d’un accord de paix en novembre 2022, qui met fin à deux années de guerre dans la région du Tigré, l’activité économique du pays devrait modérément s’accélérer au cours de l’exercice 2022/2023, sans toutefois retrouver son dynamisme de la décennie précédente (l’Ethiopie a enregistré une croissance du PIB de 10% en moyenne entre 2010 et 2019). En effet, alors que le modèle de croissance éthiopien s’est établi sur l’investissement dans les infrastructures (transport, énergie et chemin de fer…), la fin du conflit au Tigré devrait permettre la reprise de l’investissement public financé par emprunt externe et le retour du soutien des bailleurs de fonds internationaux. A ce titre, la Banque mondiale a approuvé un programme d’assistance de 745 millions de dollars en décembre 2022. Malgré la volonté politique de libéraliser et de privatiser l’économie, l’investissement privé restera bridé par des taux d’intérêt élevés et une disponibilité de devises restreinte, et sera en outre évincé par la reprise de l’emprunt public. La hausse des exportations – en particulier de produits agricoles et horticoles (café, fleurs, graines oléagineuses…), de produits manufacturiers (textiles, cuir…) et d’électricité à destination du Kenya – sera compensée par la hausse de la facture des importations, de telle sorte que les importations nettes fourniront une contribution neutre à la croissance. En outre, l’activité agricole, pilier socioéconomique du pays employant 65% de la population et représentant 87% des exportations, restera très vulnérable aux évènements naturels (sécheresse, inondations, invasions de criquets pèlerins) et pourrait souffrir de la persistance de l’épisode historique de sécheresse qui sévit depuis quatre années consécutives. Malgré les subventions accordées par le gouvernement pour faire face au niveau élevé de l’inflation, la consommation privée sera contrainte par les prix élevés des biens alimentaires, qui représentent 40% du panier de consommation des ménages. En effet, la croissance rapide de la masse monétaire, liée au financement interne du déficit budgétaire, maintiendra le niveau élevé de l’inflation en 2023.

 

Un risque de défaut souverain malgré la légère réduction des déficits jumeaux

Dans la perspective de l’obtention d’un programme de financement du FMI, le gouvernement tentera d’assainir les dépenses publiques au cours de l’exercice 2022/2023, mais les coûts élevés de la reconstruction post conflit et les dépenses sociales pour aider les ménages à faire face à l’inflation, feront pression sur les dépenses publiques à court terme et maintiendront un déficit budgétaire élevé. Toutefois, l’introduction de nouvelles mesures fiscales visant à élargir l’assiette fiscale, les exportations de gaz et d’électricité, ainsi que les cessions de participation dans les entreprises publiques (Ethio Telecom, Ethiopia Airlines…) devraient soutenir les recettes et contribuer à réduire légèrement le déficit budgétaire. Si la fin du conflit devrait permettre l’augmentation du soutien des donateurs extérieurs pour financer ce déficit, le gouvernement poursuivra toutefois son financement interne par le biais de la banque centrale. Face à l’ampleur du service de la dette extérieure de l’Ethiopie (53% de la dette publique totale) – le pays devant faire face à 2 milliards de dollars de paiement au cours de l’exercice 2022/2023 – et du manque de liquidité externe, le gouvernement devrait bénéficier d’une restructuration de sa dette dans le cadre  du Cadre commun du G20 et utiliser les financements probables du FMI pour honorer ses engagements extérieurs.

 

Le déficit courant devrait se réduire légèrement en 2022/2023, porté par la hausse de l’excédent de la balance des services, alors que le déficit commercial structurel restera inchangé. En effet, malgré la hausse des exportations, l’augmentation des prix mondiaux des produits de base et les projets d’expansion de la flotte d’Ethiopian Airlines pèseront sur la facture des importations, nonobstant leur compression par la raréfaction des devises sur le marché officiel, freinant ainsi la réduction du déficit commercial. Toutefois, les revenus d’exportation de services du gouvernement augmenteront via Ethiopian Airlines, à mesure que les voyages internationaux et régionaux reprendront. Compte tenu des maigres réserves de change et des entrées officielles limitées de devises, le déficit du compte courant sera financé en grande partie par des emprunts d’Ethiopian Airlines et des entrées d’IDE en provenance de Chine et à destination des secteurs des services et de l’agriculture. Avec 1,5 milliards de dollars de réserves internationales brutes, soit moins d’un mois de paiements extérieurs courants, la liquidité externe du pays a continué de se détériorer en 2021/2022 et reste une préoccupation majeure concernant la capacité du pays à absorber des chocs supplémentaires. Le déséquilibre entre l'offre et la demande de devises étrangères ne cesse d’accroître l’écart entre le taux de change officiel de la monnaie éthiopienne et celui du marché parallèle (54 birrs pour 1 USD sur le marché de change officiel contre 96 birrs pour 1 USD sur la marché parallèle).

 

Accord de paix fragile, tensions ethniques fortes

L’Éthiopie, État fédéral divisé en régions établies sur des bases ethniques, a connu son conflit le plus meurtrier depuis son indépendance entre novembre 2020 et novembre 2022 dans la région du Tigré. Celui-ci, ayant causé le déplacement de millions de personnes et une profonde famine, tire son origine de la rébellion du Front populaire de libération du peuple de Tigré (TPLF) à l’encontre du gouvernement fédéral du Premier ministre Abiy Ahmed, au pouvoir depuis 2018 et accusé d’avoir marginalisé progressivement la minorité tigréenne (6% de la population) au sein de la coalition au pouvoir. Abiy Ahmed, issu de l’ethnie la plus importante du pays (les Oromos), a entrepris de réformer la coalition au pouvoir depuis plusieurs décennies (le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien) en une structure nationale centralisée, le Parti de la Prospérité (PP). Le TPLF, qui possédait une part du pouvoir très importante au sein de cette coalition a refusé son incorporation au PP et a mené deux années de guerre contre le gouvernement fédéral. Malgré l’accord de paix négocié sous l’égide de l’Union africaine et d’autres partenaires régionaux, en vertu duquel le TPLF s’est engagé à cesser définitivement les hostilités et à rétablir l’autorité fédérale dans sa région, Abiy Ahmed et le PP seront confrontés à un environnement politique fragile, déstabilisé par les séquelles de la guerre, les insurrections actives dans le sud et l’ouest du pays (entre les ethnies Oromo, Somali et Amhara) et la dynamique interne tendue au sein de la coalition gouvernementale. Si les prochaines élections générales devraient se tenir en 2026, les violences ethniques croissantes et l’insécurité intérieure créent des perspectives politiques incertaines.

Sur le plan extérieur, le rapprochement entre le Soudan et l’Ethiopie en janvier 2023 au sujet du Grand barrage Ethiopien de la Renaissance sur le Nil marque une avancée vers la résolution du différend régional qu’entretiennent ces deux pays avec l’Egypte depuis 2011. L’Ethiopie devrait, par ailleurs, renouer ses liens avec ses partenaires occidentaux, en particulier avec les États-Unis qui devraient rétablir l’accès du pays à la loi sur la croissance et les opportunités en Afrique (AGOA).   

 

Dernière mise à jour : Juin 2023

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